La fin des élections

[Ceci est la suite de la partie "Palais des vertueux", rubrique "rendez-vous au palais vertueux"]

Sejior, cette fois-ci, n'était plus abasourdi après l'apparition divine, il était pétrifié. Il ne comprenait plus rien. Ce Dieu qui lui avait donné la vie, il voulait maintenant la lui reprendre ? Pourquoi ? Pour un monde "réel" ? Alors tout ce monde dans lequel il s'était efforcé de trouver sa place, de survivre, de faire renaître la dignité passée des nains n'était qu'une imposture ? Il se décida enfin à bouger. Il marcha longtemps dans les jardins du palais, pensif, puis il se rappela que Jadiam, Zehra et Thrakug l'attendaient dehors. Qu'allait-il leur dire ? Qu'allait-il pouvoir inventer ? Il sortit du palais sans avoir trouvé quoi annoncer, et retrouva son groupe en train de l'attendre. Tous les trois se précipitèrent sur lui et lui demandèrent de lui rapporter les paroles divines. Il choisit de ne pas mentir...

"Le Dieu m'a donné un mission à accomplir seul. Il a dit qu'en mon absence, il comptait sur vous. Vous êtes les seuls véritables représentants de la foi en ce monde, faites lui honneur." Tous trois parurent très déçus de ne pas être intégrés à la "mission" probablement importante, mais respectèrent la volonté céleste. Sejior s'en retourna à déambuler dans les vastes jardins du palais. Il trouva un coin tranquille, à côté d'un olivier, et se demanda de quelle façon il allait se suicider. Pour un guérisseur tel que lui, faire souffrir les autres et les tuer était une torture, alors se faire souffrir et se tuer sois-même, de son plein gré, c'était atroce ! Sa foi étant plus grande que sa peur, il matérialisa son sceptre bleu clair, le fit léviter, la pointe tournée vers sa poitrine, et l'enfonça dans sa chair. "Humpf !" Le prêtre tout entier s'illumina d'une clarté bleu ciel, et ses yeux s'écarquillèrent. Il sentit son coeur ralentir. Le jardin autour de lui devint flou, ses pensées divaguèrent. Au moins le Dieu avait tenu sa promesse : c'était indolore. Par contre, sentir son âme quitter son corps c'était insupportable.
Son coeur s'arrêta.
L'énergie qui avait tournoyé un peu plus tôt dans son être se dissipa, l'éclat bleu de son corps cessa, le sceptre invoqué disparu et Sejior s'effondra au pied du bel olivier en fleur, une plaie béante dans la poitrine.